2 semaines de Rijeka à Dubrovnik
La frontière croate se rallie aisément depuis Venise: 4h de bus et me voilà à Rijeka le 14 août, après un rapide passage en Slovénie. Capitale européenne de la culture 2020, Rijeka est une ville portuaire et balnéaire de la côte Adriatique, située à l’Est de l’Istrie. Je perçois immédiatement l’influence slave, dans l’architecture et la culture, mêlée aux traces gréco-romaines et autrichiennes. Je suis bien au carrefour de l’Europe centrale et de la Méditerranée. Une ambiance unique se dégage. Peu de touristes en cette période de pandémie. A l’auberge de jeunesse, quelques croates de passage, une slovaque et un italien. Une journée suffit à découvrir la ville: ses ports de commerce et de plaisance, son marché quotidien et ses halles… ambiance particulière avec les plexis réglementaires pour protéger du virus… le théâtre national au cœur de la ville. Puis je me retrouve à la grande messe extérieure du 15 aôut devant l’église du quartier de Trsat, avant de visiter le château, qui offre une vue panoramique imprenable sur la ville et la côte Adriatique. A 2 kms au sud de la ville, un incontournable de Rijeka: la plage de Sablićevo, petite crique de galets, comme la plupart des plages en Croatie, aux eaux cristallines. En ce dimanche 15 août, la plage est bondée, mais la baignade reste très agréable après une bonne marche dans la ville sous 32°C. Je rencontre ici un albanais, Ermand, avec qui j’échange le temps d’une soirée, sur les différences culturelles entre ces deux pays voisins.
2ème étape croate: je longe la côte Adriatique vers le sud pour faire étape à Zadar, à 2h de bus, sur la côte au nord de la Damaltie. Petite cité fortifiée, située sur une péninsule, la ville est agréable avec ses nombres terrasses de cafés, ses églises médiévales et ses ruines romaines. L’attraction principale se trouve le long de la promenade en bord de mer: l’orgue marin. Une curieuse création sonore! Les clapots de la mer génèrent de la musique, en arrivant sur l’orgue situé entre des marches en marbre.
Zadar est surtout un bon camp de base pour explorer la région. Plusieurs excursions à la journée sont accessibles. Je suis ainsi partie découvrir le parc national des îles Kornati. Cet archipel est composée de 150 îles, dont 89 font partie du parc national. Elles sont protégées, ce sont les îles les plus sauvages de la Croatie. Les paysages sont tellement secs et arides, qu’ils paraissent parfois lunaires. L’accès se fait principalement en excursion organisée, à moins de posséder son propre bateau. Les balades et baignades sont possibles sur quelques îles, dont Kornat et Dugi Otok, où j’ai pu piquer une tête :).
Autre excursion sympa dans la région: découvrir les environs à vélo (location possible dans la vieille ville). Longer la côte sur 20 kms vers le nord, en remontant vers Diklo, Primorje, Zaton pour arriver à Nin. La visite de cette ancienne cité, résidence des rois, est paisible, même s’il ne reste que des ruines de l’époque médiévale. Il fait bon flâner dans ses ruelles piétonnes et pique-niquer en bord de lagune.
Mon coup de cœur dans la région: le Parc national des lacs de Plitvice. Un joyau de nature à 2h de bus depuis Zadar. L’aller-retour dans la journée est aisément réalisable, avec une réservation en ligne de son entrée au parc, à minima la veille. En chemin, les paysages sont un vrai régal: dès qu’on quitte la côte Adriatique, on se retrouve entouré de montagnes. Le bus dépose aux 2 entrées du parc, en pleine forêt. A chacun de faire son choix de l’arrêt, en fonction du parcours souhaité. Les 2 accès permettent de découvrir le parc sur la journée. Le site propose des itinéraires plus ou moins longs, selon sa motivation: entre 6 kms et 20 kms, facilités par des passages en bateau et petit train, pour ceux qui le souhaitent. Les familles avec enfants en bas âge, comme les sportifs, y trouvent leur compte. J’ai pris l’option d’itinéraire de 15kms environ. Partie de l’entrée 2, j’ai pu faire le tour du parc, avec quelques petites escapades dans les chemins de randonnée, à travers la forêt. Des petites grimpettes offrent des panoramas époustouflants sur les lacs! Les eaux sont d’une pureté incroyable, et la forêt y est sauvage, grâce à la protection du site. Une palette de verts magnifiques. Tout au long de la balade, je m’émerveille devant ces nombreuses cascades. Un incontournable de la Croatie, pour les amateurs de nature.
Je poursuis mon périple le long de la côte Adriatique, pour faire étape quelques jours à Šibenik. Située au cœur de la Dalmatie, la ville est naturellement protégée par une immense baie. Bien moins touristique que Split ou Dubrovnik, elle a pourtant de réels atouts pour plaire. L’ambiance est animée avec ses nombreuses places et terrasses, qui mêlent toutes générations de croates. La vieille ville fortifiée a un véritable charme, au travers de ses richesses architecturales et historiques. Nul ne manquera la Cathédrale Saint-Jean, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, construite entre le Moyen-Age et la Renaissance. En face s’érige le Palais des Ducs, symbole de la défense de Šibenik au Moyen-Age). Se balader dans les ruelles étroites, bordés d’escaliers, est très agréable. Plusieurs forteresses entourent la ville, et offrent de superbes panoramas sur la côte Dalmate, comme la forteresse Saint-Nicolas. J’ai eu personnellement un coup de cœur pour cette petite cité médiévale. D’autant que le cadre de l’Hostel Scala était au top: petit dortoir de 4 (limité à 2 pendant la pandémie) avec SDB privée pour 20€ la nuit (chambres également disponibles), piscine extérieure, terrasse, bar à vins et cuisine locale.
A moins de 30 minutes en bus, le Parc National de Krka révèle, à nouveau, tout le charme naturel du pays. Bordant la rivière du même nom, ce parc national invite à une bonne balade, entre faunes et flores magnifiques. Aux abords du lac et de la plus grande cascade, Skradin, j’avoue que c’était un peu « Disneyland » avec les stands de snacking et les multitudes de locaux venus pique-niquer et se baigner au pied de cette superbe cascade. Je n’y suis que passée, pour profiter plus loin de la quiétude des lieux et de la beauté naturelle de ces paysages.
Autres excursions à la journée depuis la charmante Šibenik: les îles de Zlavin & Prvic. Loin des principales îles touristiques croates, telles Korcula, Hvar ou Cres, je suis allée à la découverte de petites îles, parsemées d’oliviers, de lauriers et de figuiers (quel régal en cette saison!). En Croatie, l’avantage, c’est qu’il y a plus de 1 000 îles, donc il y en forcément pour tous les goûts. Un bateau-navette dessert ces 2 îles à la journée, pour moins de 5€ A/R. A peine débarquée, je prend le pli croate, du petit café en terrasse avec les locaux. Je passe rapidement le petit village aux vieilles maisons en pierre, avant de partir explorer la beauté de ses îles. La vie est paisible, les grillons règnent en maître. Pause baignade et lecture. Quelques anciens m’abordent régulièrement, me racontant « je ne sais quoi » en croate pendant 5 minutes, avant de capter que je ne suis pas locale, et que je ne comprends pas grand chose 😉
Arrivée dans la plus célèbre ville de Split. L’afflux touristique est déjà plus important (aéroport international oblige), l’allemand se mêle au croate, dans les rues de Split. Je comprends vite sa notoriété: ville fortifiée, enceinte des vestiges d’un palais grandiose, de l’époque de l’empereur Dioclétien (III S av. JC). Ici, toutes les visites sont payantes, avec divers combos de tickets. Incontournables à mon sens: l’imposante cathédrale et son campanile. Sillonner dans les ruelles et profiter de la douceur de la cité. Sortir du cœur touristique pour aller se balader dans le parc de Marjan, sur les hauteurs: de superbes panoramas sur la ville et la côte Adriatique.
Le bonheur de la Croatie, c’est d’alterner les parcs nationaux dans les terres et les îles de la mer Adriatique. Depuis Split, j’opte pour l’île de Solta. Idéal pour s’évader de la chaleur étouffante de la ville, Solta regorge de criques protégées du vent, aux eaux turquoises (toujours et encore!). Pour la note historique, sous les Dioclétiens, cette île était utilisée pour ces sources thermales et la pisciculture.
En Damaltie du Sud, s’il y a un parc national incontournable, c’est bien le parc National de Mljet. Au départ de Split ou de Dubrovnik en bateau, ce parc national est une île longtemps considérée comme un petit paradis méridional. Débarquée à Polace, petit village tranquille, « porte d’entrée » au parc national. Après 3 kms de marche, un premier lac d’eau salé se dévoile, au milieu de monts karstiques. Au milieu de cette eau limpide, une minuscule île où se dresse un monastère. Visite via un bateau à énergie solaire, qui ramène ensuite sur l’autre rive. Pause baignade et pique-nique, avant de partir pour une petite randonnée dans ce parc sauvage. La grimpette en haut du Montokuc vaut le détour: un époustouflant panorama à 360° sur les lacs, la côte et la partie nord de l’île.
Dubrovnik marque la fin de ce périple croate. Située à l’extrême sud du pays, à la frontière avec le Montenegro, je découvre une ville-musée, entre mer et montagnes. La vieille ville piétonne est entourée de remparts, en bord d’Adriatique. Elle recèle de joyaux architecturaux: églises, couvents, palais, au travers de ruelles dallées de pierre blanche. Si la plupart des touristes se concentre sur la cité fortifiée, la ville extérieure est également une belle découverte. Longer la côte escarpée, bordée d’une végétation méditerranéenne, où se nichent de superbes villas de style vénitien. Après une bonne balade sous la chaleur ardente du mois d’août, rien de vaut une baignade dans l’une des criques de la ville. Lieux de rencontres incontournables pour les locaux, qui se retrouvent ici en famille ou entre amis, autour d’un verre ou d’une partie de cartes en bord de mer. On prend vite le pli dans la douceur de vivre croate.
Décidée à limiter mon empreinte carbone, je rallie l’Italie le 30 août via le ferry de nuit Dubrovnik-Bari. J’embarque à bord avec une petite dizaine de backpackers, une jeune française, et 4 britanniques, et un groupe de 3 amis brésilien, canadien et américain. Et oui, à ma grande surprise, ils ont réussi à rentrer en Europe malgré la soi-disant fermeture des frontières avec la covid… y a des trous dans le gruyère, ils sont simplement passés par Londres, qui n’a pas appliqué les règles de l’UE, of course! Nous ne sommes que 12 passagers sur le bateau, pour 40 membres d’équipage, hallucinant. Rares sont les touristes en cette été 2020. Habituellement, la liaison embarque avec plus de 1000 passagers à chaque traversée. Le barman est bien content de voir des clients. On passe les 2 premières heures du voyage à faire connaissance autour de quelques verres. La nuit sera courte et sommaire, emmitouflée dans mon sac de couchage allongée par terre dans la salle quasi vide des sièges passagers (on était 4).
Réveillée par l’annonce de l’entrée au port de Bari, passage obligé aux douanes à quai, nous rentrons dans l’espace Schengen. Les règles du jeu viennent d’évoluer en Italie, à la veille de la rentrée scolaire: obligation de quarantaine ou transit de 36h dans le pays. Pas de test facilement réalisable… J’avais prévu encore 2 semaines de périple à travers l’Italie, à découvrir les alentours de Bari et les villages des Pouilles, avant de découvrir Naples / Pompéi, et faire escales quelques jours à Rome et à Turin voir des amis. Même si je savais qu’il n’y aurait pas eu de contrôle, je préfère quitter le pays dans le timing imparti. Plus vraiment d’autre choix que de rentrer en France désormais… J’enchaîne alors pendant 36h, bus et trains de Bari à la frontière du sud-est de la France, pour arriver à Lyon mardi 1er septembre, et profiter quelques jours des premières retrouvailles avec mes proches.
Ainsi j’achève ce « tour du monde ». J’ai été extrêmement chanceuse de pouvoir continuer à voyager après le confinement. Mon objectif de 10 mois de périple est atteint, même si le parcours a du être revu plus d’une fois: quelle expérience enrichissante et si exceptionnelle, dans ce contexte historique! 🙂
Excellent ce petit bonus après coup on s’y attendait pas ! Et en plus confiné ça évade d’autant plus. Merci pour ce dernier article !
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😉
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